Soyons réalistes. Le polo n’a qu’une faible chance de redevenir un jour un sport olympique. Ils sont nombreux pourtant, dans les fédérations ou parmi les joueurs, à batailler autour de l’idée d’un retour possible du polo aux Jeux Olympiques.
Par Axelle De Borger
Pour l’heure, c’est en sport de démonstration que le polo a été vu en octobre 2018 à Palermo dans le cadre des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Buenos Aires. Et en France, La Fédération Française de Polo et son président Jean-Luc Chartier ont fait une demande pour que le polo soit un sport de démonstration lors de Jeux Olympiques de 2024 à Paris.
Une Fédération internationale, préalable nécessaire
L’idée d’une participation plénière chemine cependant sérieusement depuis la création, en 1982, de la Fédération Internationale de Polo (FIP), laquelle a rendu possible un rapprochement officiel avec le mouvement olympique.
La Fédération Internationale de Polo a pu, de cette façon, être désignée comme le représentant du polo mondial, d’abord à titre provisoire lors de la 105ème Session du CIO à Atlanta en 1996, puis à titre définitif en 1998. Le polo fait désormais partie des sports reconnus par le Comité International Olympique.
« La FIP représente également le polo en tant que membre de l'Agence Mondiale contre le Dopage (World Anti-Doping Agency - WADA) et de SportAccord, institution regroupant les fédérations internationales sportives » précise le Dr. Richard T. Caleel, Président de la Commission CIO & WADA de la FIP. « Et elle poursuit activement l'inclusion du polo en tant que sport olympique et sport des Jeux Panaméricains ».
Aucun retour effectif du polo au sein du programme olympique n’est, cependant, acté à ce jour.
Il faut savoir que pour entrer dans le programme olympique, un sport doit d'abord être reconnu et administré par une fédération internationale assurant le respect de la Charte Olympique. Il doit ensuite être largement pratiqué à travers le monde et satisfaire à un certain nombre de critères établis par le CIO.
Pour ce qui est de l’existence d’une fédération internationale, c’est chose acquise. Reste la question du respect des critères.
Répondre aux critères olympiques.
Dans un rapport de 2002 concernant les demandes d’admission des nouveaux sports pour les Jeux de 2008 à Pékin, la Commission exécutive du CIO avait recommandé que les demandes d’inscription du Roller (FIRS), du Polo (FIP) et du Surf (ISA) soient jugées irrecevables, estimant à ce moment-là qu’ils ne répondaient pas aux dits critères.
De plus, depuis 2002 le CIO a décidé de revoir systématiquement la composition du programme des sports après chaque édition des Jeux Olympiques pour s'assurer qu'elle demeure pertinente et réponde aux attentes des générations sportives futures. Il a été décidé de freiner la croissance du programme olympique, en limitant à 28 le nombre de sports inscrits aux Jeux et à 10.500 le nombre d’athlètes y participant (olympic.org).
La liste des critères d'évaluation a été revue et entérinée par le CIO en 2004. Elle regroupe à présent 33 critères en sept catégories : histoire et tradition, universalité, popularité du sport, image et environnement, protection des athlètes, développement et coûts.
Toute fédération reconnue peut faire une demande officielle d'inclusion au programme des Jeux. Se pose alors la question : Le polo répond-il davantage aujourd’hui aux critères du CIO et la FIP va-t-elle faire acte de candidature pour l’inclusion du polo aux Jeux de 2028 ?
Des contraintes inhérentes au polo lui-même.
La limitation du nombre de sports et le respect des critères olympiques ne sont pas les seuls obstacles à un retour possible du polo aux Jeux Olympiques.
Il existe d’autres contraintes, inhérentes au polo lui-même. Avec leurs lots de questions et de difficultés.
Quels seraient les pays disposés à financer des équipes ? A quel niveau se joueraient les compétitions ? Les villes-hôtes seraient-elles en mesure de disposer de plusieurs terrains ? Les équipes participantes seraient-elles capables de mobiliser 400, 500, 600 chevaux et de les transporter ? Et la ville d’accueil de les héberger, avec les contrôles sanitaires que cela suppose ?
Les contraintes logistiques sont immenses. Davantage que pour l’organisation des Championnats du Monde qui sont organisés en éliminatoires par zones, sur deux ans, avec un pays d’accueil qui fournit les chevaux.
A l'époque des premières apparitions du polo aux J.O., il n’y avait que peu de pays participants, les chevaux étaient envoyés d’Argentine deux ou trois mois à l’avance et les règles sanitaires n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui.
Alors peut-être doit-on envisager un polo plus restreint et plus abordable, uniquement sur 4 chukkers, nécessitant moins de chevaux, voire du paddock-polo sur sable, moins cher à construire et à entretenir qu’un plein terrain. Peut-être aussi ne doit-on envisager, pour commencer, qu’un sport de démonstration.
Les règles anti-dopage
Et puis, il y a bien sûr la question épineuse du respect des règles anti-dopage.
« Seuls les sports qui ont adopté et appliquent le Code mondial anti-dopage peuvent être inclus ou rester dans le programme. » indique la Charte Olympique dans sa Règle 46-3. Or si la FIP ou des fédérations nationales comme la FFP adhèrent au code mondial anti-dopage et ont mis en place des règles et des commissions disciplinaires pour les faire respecter, c’est loin d’être le cas de toutes les fédérations nationales de polo, et non des moindres !
Qu’on le veuille ou non, quelques soient les volontés et énergies déployées par ailleurs, voilà un obstacle qui, à lui seul, peut barrer le chemin de tout retour éventuel vers un polo olympique.
Restent les souvenirs d’une épopée olympique déjà lointaine.
Paris, 1900. Quatre pays sont représentés : France, Grande-Bretagne, USA et Mexique. Les Britanniques remportent la médaille d’or.
Londres, 1908. Seules la Grande Bretagne et l’Irlande participent aux épreuves de polo. Les Britanniques remportent leur deuxième médaille d’or.
Anvers, 1924. Quatre pays sont en lice : Belgique, Espagne, Grande-Bretagne et USA. Les Britanniques remportent la médaille d’or, pour la troisième fois, en battant les Espagnols.
Paris, 1924. Cinq pays sont au rendez-vous : France, Grande-Bretagne, Espagne, USA et pour la première fois, l’Argentine. Les Argentins remportent la médaille d’or.
Berlin, 1936. Cinq pays participent pour la dernière fois aux épreuves de polo : Argentine, Allemagne, Grande-Bretagne, Hongrie, Mexique. Les Argentins remportent leur seconde médaille d’or en triomphant des Anglais (11 à 0). L’Argentine est déjà loin devant…
Et les Jeux Olympiques sont désormais loin derrière…
Que les esprits chagrins se consolent. Le polo est présent, à sa façon, depuis les Olympiades de 2008 à Pékin. Présent sur tous les cœurs, toutes disciplines confondues, de l’une des plus imposantes délégations des Jeux, la délégation US ! Et pas en petit, s’il vous plait, en grand ! Le grand logo Ralph Lauren ! Etre ainsi porté en logo et en mondovision, aux cérémonies d’ouverture et de clôture des J.O., aucun sport, ni même aucun mouvement, ne l’avait encore réussi !
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