Les origines du polo sont sujettes à controverse. Est-il né en Perse ou au Pakistan, en Mongolie ou en Chine ? Mais quelles que puissent être les véritables origines du polo, ses inventeurs ont eu une excellente idée puisque ce jeu, connu pour être le « sport des rois » est aujourd’hui pratiqué dans plus de 80 pays, sur différents animaux dont les chevaux, les ânes, les yacks, les éléphants ou les chameaux. Au Royaume-Uni, le polo se joue même sur des quads.
Par Equestrio
Sport des plus flamboyants, le polo était au départ considéré en Perse comme un jeu d’entraînement destiné aux unités de cavalerie, qui leur permettait d’améliorer leur technique en selle et leur précision en situation de vitesse. Des rapports relatent des parties de polo regroupant une centaine de cavaliers par équipe, afin de reproduire les conditions d’un champ de bataille. Plus tard, cela devint un sport réservé à la noblesse, d’où son actuel surnom de "sport des rois". Le nom de polo, pour sa part, semble venir du mot tibétain "pulu" – qui signifie balle.
En Chine hommes et femmes jouent au polo
La Chine revendique elle aussi un passé de polo long et exaltant, après avoir découvert ce jeu à ses tout-débuts grâce à des voyageurs. Il existe des miniatures de courtisans de la Dynastie Tang en train de pratiquer un jeu qui ressemble étrangement au polo, datant de l’an 706 ap.J.-C., et des représentations similaires suggèrent que les femmes y jouaient autant que les hommes. La Chine a récemment redécouvert ce jeu, et des clubs de polo s’y développent en nombre.
Histoire et tradition subcontinentales
Le tout premier club de polo officiel a été fondé à Silchar, dans l’État indien du Cachar, en 1859, par deux officiers de l’Armée Britannique, le Capitaine Robert Stewart et le Lieutenant (puis Major Général) Joseph Sherer. Ceux-ci avaient découvert le jeu (connu dans cette région sous le nom de kangjai) que pratiquaient des membres des tribus locales et une poignée de planteurs de thé britanniques, et ont entrepris de le développer avec enthousiasme. Le plus ancien club du monde toujours en activité demeure le Club de Calcutta, dont la fondation remonte à 1862.
Jodhpur, chef de fil du polo indien
À la fin du 19ème Siècle, Jodhpur était devenu un important centre de polo et dans les années 1920 il était incontestablement l’état chef de file du polo en Inde. Ses premiers ambassadeurs étaient le Maharaj Sir Pratap Singh Bahadur (1845-1923), Régent intermittent de Jodhpur et son fils, Rao Raj Hanut Singh (1900-1982), qui devait devenir l’un des joueurs internationaux parmi les plus célèbres de tous les temps. Celui-ci faisait partie de l’invincible l’équipe de Jodhpur-Jaipur, qui fit sensation lors de sa visite en Angleterre en 1933.
Le polo prospère toujours à Jodhpur, grâce aux efforts de l’actuel Maharajah, HH Gaj Singh II, ainsi que dans toute l’Inde. Ce sport a même connu une renaissance dans le sous-continent grâce au soutien de sponsors commerciaux ces dernières années.
"Polo de montagne" au Pakistan
Dans ce qui est aujourd’hui le nord du Pakistan, à Gilgit –entre le Massif du Karakoram et le nord Hindu Kush du Cachemire– on peut encore assister à des parties de polo telles qu’elles étaient disputées des siècles plus tôt, sur de rudes poneys de montagne et sans règles officielles. Les équipes comptent souvent une dizaine d’hommes et le terrain est délimité par des murs en pierre. Au bord du terrain, se trouve une tablette en pierre qui indique : « Le roi des jeux est toujours le jeu des rois ». Ce que l’on qualifie souvent aujourd’hui de « polo de montagne », mais que les adeptes préfèrent baptiser « vrai polo », est pratiqué dans tout le nord du Pakistan, Chitral étant aussi un centre de polo traditionnel.
Le festival du polo annuel, qui se déroule chaque année en juillet dans la Shandur Pass (à mi-chemin entre Gilgit et Chitral) remonte à 1936, époque à laquelle un Agent de Police britannique, le Major Cobb, qui aimait jouer au polo la nuit au clair de lune, baptisa un terrain de polo près de Shandur le ‘Moony Polo Ground’. Le tournoi moderne rivalise avec Chitral et Gilgit dans une série de rencontres marathons disputées à 3 800 m d’altitude. Dans cette région, le polo précède le tournoi de plusieurs siècles, la forme la plus proche du jeu traditionnel étant visible à Chitral, Gilgit et Skardu.
Après la partition de l’Inde en 1947, le polo s’est développé régulièrement, avec la naissance de l’Association Pakistanaise de Polo, qui prit son indépendance vis à vis de l’Association Indienne de Polo cette même année. Il existe plusieurs clubs agréés dans tout le pays, notamment à Lahore, et l’armée soutient énormément ce sport en élevant la plupart des poneys. En 2004, le Pakistan a pour la première fois présenté une équipe au Championnat du Monde de Polo, conduite par Shah Qubilai Alum. Descendant de l’une des dynasties de polo pakistanaises, le père de Qubilai, le Général Rafi Alam, est celui qui a fait raser les terrains de golf de Peshawar, dans la Province Frontière du Nord-Ouest du Pakistan, pour récupérer le site qu’il voulait transformer en terrain de polo, et son beau-père, Siraj Ulmulk est l’organisateur du Festival de Polo de Shandur.
Basé au Népal, Jim Edwards, le Président de l’Association Mondiale du Polo sur Éléphant (WEPA), en connaît plus à propos de la naissance du polo que la plupart d’entre nous, puisqu’il a consacré plusieurs années à rechercher les origines de ce sport et à voyager entre l’Inde, le Pakistan, la Mongolie et le Népal. Toutefois, malgré des années d’étude, il déclare ne pas avoir trouvé de preuve absolue quant aux fondateurs du jeu, même si des éléments suggèrent que cela pourrait avoir eu lieu en Mongolie.
« J’avais toujours voulu me rendre en Mongolie parce que je pense que c’est de là qu’est originaire le polo », explique-t-il. « J’ai visité des musées et des bibliothèques, fait traduire des documents, mais je n’ai toujours pas trouvé de preuve formelle des origines du polo ».
Edwards, qui avait envie de renvoyer le jeu vers les grandes plaines de Mongolie et le nord-est de l’Inde, a sponsorisé le premier tournoi moderne d’Inde et fondé le désormais établi camp de polo dans les Steppes mongoles. « C’était une opportunité de recréer les premiers temps du polo – les jours du Raj à la fin des années 1800 », explique-t-il. « Traditionnellement, le polo était pratiqué dès lors qu’on trouvait du fourrage pour les chevaux ; d’où les lieux comme Gilgit dans le Nord du Pakistan, qui était une base militaire ».
En Angleterre et de l’autre côté de l’Atlantique
Progressivement, le polo s’est étendu de l’Inde vers d’autres centres d’influence britanniques, et notamment, six ans après la fondation du premier club officiel à Silchar en 1859, il est parvenu jusqu’à Malte, un point de halte populaire sur le trajet entre l’Inde et le Royaume-Uni, qui vit naître son premier club.
Cependant, même si le Royaume-Uni abrite aujourd’hui quelques-uns des plus grands clubs de polo du monde, le jeu n’est arrivé en Angleterre qu’en 1869, lorsqu’un officier de l’armée en entendit parler et organisa un match à Hounslow Heath.
Le polo moderne
De façon assez surprenante, ce n’est pas le Club de Hurlingham – qui fait aujourd’hui autorité dans le monde du polo britannique, qui fut le premier à prospérer en Angleterre. Monmouthshire, sur la frontière galloise, le précéda puisqu’il fut fondé en 1872 par le Capitaine Francis Herbert sur les terres de son frère à Abergavenny au Pays de Galles. Les règles de Hurlingham furent crées en 1874, même si à cette époque, les équipes étaient encore formées de cinq joueurs.
Ce sont des immigrants anglais qui ont les premiers introduit le jeu en Argentine, et c’est en 1875 qu’eut lieu le premier match officiel dans ce pays. Un an plus tard, le polo fit ses débuts en Australie, où il fut lancé par le Lt. Col. Thomas St. Quintin de la 10ème Compagnie des Hussards.
C’est au cours de cette même année que le polo est arrivé en Amérique, même si l’introduction des handicaps aux États-Unis remonte seulement à 1888. Bien avant cela, en 1876, le Westchester Polo Club fut fondé au champ de course Jerome Park de New York, qui accueillit le premier match officiel en mai de la même année. Le sport connut alors un essor rapide en Amérique, et le célèbre Meadowbrook Polo Club fut inauguré en 1884. Au cours des prospères années 20, avant la Grande Dépression, le polo est devenu le sport où il fallait être vu en Amérique et un match à Westchester attira plus de 45 000 spectateurs, tous attirés par le glitz et le glamour du sport ; la facette polo du Grand Rêve Américain.
Une discipline olympique
La popularité et le statut du polo au début du 20ème siècle étaient tels qu’il devint une discipline Olympique en 1900, et fut présent à cinq reprises aux Jeux Olympiques d’été avant d’être abandonné en 1936. Aujourd’hui, le Comité International Olympique reconnaît le polo sur sa ‘liste des anciens sports’, en précisant qu’il est « considéré comme le sport collectif de monte le plus ancien » La FIP, cependant, fait campagne pour que le jeu soit réintégré, même si avec plusieurs disciplines équestres déjà au programme, cette lutte risque d’être très difficile.
En 1919, le polo fit un nouveau pas en avant lorsque huit restrictions concernant les poneys (qui devaient auparavant mesurer au max. 14,2 hh, d’où leur appellation de ‘poneys’) furent abolies, ce qui rendit le jeu bien plus rapide. Aujourd’hui, les races argentines sont encore dominantes, le Criollo Argentino étant une race tout particulièrement développée pour le sport. Néanmoins, un nombre croissant de joueurs continuent à jouer sur des Pure-Races, dont certaine viennent du monde des courses de vitesse.
Au-delà des frontières
Aujourd’hui, on joue au polo dans de nombreux pays, sous de nombreuses formes différentes. On le pratique sur la neige en Europe, sur la plage à Dubaï, à dos de yacks en Afghanistan, de chameaux dans le Désert de Gobi et sur des éléphants au Népal, au Sri Lanka et en Thaïlande.
Tous les polos
La Coupe du Monde sur Neige Cartier St Moritz compte parmi les évènements sportifs les plus prestigieux du monde. Cependant, le polo dans la région suisse de l’Engadine remonte en fait à 1899, lorsque le premier terrain fut dessiné à St Moritz-bad par des officiers de cavalerie britanniques. Pourtant, peu de temps après, ceux-ci ont été rappelés et le jeu est tombé aux oubliettes pour ne revivre dans le village qu’en 1959 quand le Polo Club de St Moritz a été créé.
Au Népal, au Sri Lanka et en Thaïlande, on joue au polo à dos d’éléphant ; l’Association Mondiale de Polo sur Éléphant s’est d’ailleurs installée au Népal où le Championnat du Monde se déroule tous les ans au mois de novembre. Bien que le polo ait été pratiqué à dos d’éléphants en Inde à l’époque du Raj britannique, le jeu s’est éteint avant de renaître au Népal dans sa forme actuelle très sophistiquée grâce à Jim Edwards et James Manclark en 1982. Dans la région de l’Hindukush, le polo se joue sur des yacks et des ânes en plus des chevaux, et dans le Désert de Gobi, des tournois en altitude et à grande vitesse se disputent chaque année à dos de chameaux.
Sur tous les terrains du monde, la qualité des joueurs, des poneys et des autres montures continue à s’améliorer d’année en année, et des sponsors de plus en plus réputés sont attirés par les formes les plus exclusives du sport, en l’occurrence les raretés telles que le polo à dos d’éléphant ou de chameau. Il ne fait aucun doute que le polo possède une formule gagnante lui assurant un avenir aussi brillant que son passé fut riche.
Par Equestrio - Laura King, Dara Williams et Lucy Monroe
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