Patrick Guerrand-Hermès a une véritable obsession : faire partager sa passion du polo au plus grand nombre. Un pari fou, mais rien n’arrête ce créateur qui a inventé le Prix de Diane Hermès, faisant de cette course une gigantesque et chic fête en plein air.
Par Pascal Renauldon
Photos Rafa Orozco
C’est au Maroc que le virus du polo a frappé « PGH » et c’est au Maroc qu’aujourd’hui, il propose un « polo pour tous », c’est à dire à prix doux, dans un coin de paradis en bordure de l’Atlantique, à l’ouest de Tanger.
Mais avant de « visiter » ce club et l’élevage que Patrick Guerrand-Hermès développe à quelques kilomètres de là, revenons sur la passion de ce rebelle de la famille Hermès, homme de cheval… et de fêtes. C’est donc pendant son service militaire en Afrique du Nord qu’il découvre le polo : « le jour de mon arrivée au Maroc, j’ai été expédié sur le terrain de polo pour remplacer mon chef d’escadron qui venait de tomber. On me savait membre du Polo de Bagatelle et on en avait conclu que je savais jouer au polo. Ce qui n’était pas le cas. Je savais monter à cheval et par le plus grand des hasards j’ai marqué un goal. Je n’avais pas de bottes et montais en bandes molletières : j’en ai perdu l’estime de la fille du colonel mais j’ai gagné une passion » !
Une passion que cet ancien cavalier de saut d’obstacles poussera jusqu’à son paroxysme. Il sillonnera le monde pour découvrir le polo sous toutes ses formes, parfois les plus inattendues : « J’ai tellement d’images inoubliables… j’ai joué au milieu des derricks à Dallas avec des cow-boys jouant en chaps et en Stetson, parmi les nomades en tenue traditionnelles dans les montagnes de Mongolie ou encore sur des terrains magnifiques dans un jardin tropical en Jamaïque. Et puis j’ai fait de belles rencontres, celle notamment où j’ai eu l’occasion de jouer avec le grand Adolfo Cambiaso ».
Patrick Guerrand-Hermès montera alors son équipe de La Palmeraie (déjà… il avait alors un terrain à Marrakech) avec laquelle il gagnera de prestigieux tournois à travers la planète, de Sotogrande (Coupe d’Or) à l’Argentine. Une furieuse envie de jouer qui le mènera encore, à 74 ans, à une victoire dans la Coupe d’Or de Deauville, en 2006 aux côtés de Gonzalito Pieres et d’un jeune minot français.
Si ce môme nommé Brieuc Rigaux, qui avait 22 ans à l’époque, est devenu le meilleur joueur français, handicap 6, et l’un des dix meilleurs européens, c’est encore grâce à Patrick Guerrand-Hermès et au club qu’il avait fondé à Chantilly dix ans auparavant. Un club gigantesque avec neuf terrains en herbe et deux en sable, un club ouvert à tous : nouveaux joueurs et public qui a permis de multiplier par trois le nombre de licenciés en France : « L’amitié et le respect des autres ont été les premiers fondements de ce club lorsque nous l’avons créé avec Philippe Perrier. Il s’agissait de rendre notre sport plus accessible et plus accueillant tout en essayant de constituer un noyau de jeunes joueurs français. Nous avons pu ainsi participer à la réussite d’un Brieuc Rigaux, pur produit du club, d’un Clément Delfosse, d’un Pierre-Henri Ngoumou. Aujourd’hui, des garçons issus de milieux plus modestes ont pu trouver un véritable métier dans le polo. C’est ainsi que l’on souhaite « normaliser » le polo, en faire une filière économique pour qu’il offre des débouchés ».
Il y également l’aspect plus prestigieux des tournois internationaux : « nous travaillons en permanence à l’amélioration de nos neuf terrains pour attirer à Chantilly de plus en plus d’équipes de qualité et de joueurs de renom et offrir –gratuitement – au public un magnifique spectacle sportif ».
Aujourd’hui, à une échelle plus modeste, mais dans un coin paradisiaque, « PGH » a donc créé une nouvelle Palmeraie, un club et une école de polo où il fait bon passer des vacances actives. On y est reçu dans une agréable maison d’hôtes, où les lits, la cave et la cuisine sont excellents. Au programme, stick & ball le matin avec deux chevaux et le conseil de professionnels argentins, pratice le soir avec quatre chevaux et entretemps, on peut soit s’offrir une petite balade à Tanger (certains joueurs du crû peuvent même vous faire faire une visite inside de cette ville d’histoire, de culture et de patrimoine hétéroclite), soit se laisser secouer par les vagues de l’Atlantique puisque une plage sauvage borde l’un des trois terrains de polo (arrosés grâce à une mini-usine de dessalage de l’eau de mer !).
Les plus passionnés pourront aller visiter à quelques kilomètres de là le haras de La Palmeraie où sont produits des chevaux de polo aux grandes origines argentines avec des méthodes les plus modernes (transfert d’embryon) et peut-être y acquérir leurs futurs cracks de polo ! (Pour connaître le prix d’une journée complète polo et hôtellerie, transferts de l’aéroport compris, contacter Ignacio Tejerino : teje84@hotmail.com)
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