« Si vous pensez qu’être greenkeeper, c’est juste tondre et arroser, laissez-moi rigoler ! » prévient d’emblée Philip Carter, avec son bel accent anglais. Philip Carter est le greenkeeper du Polo Club du Domaine de Chantilly depuis une vingtaine d’années et son métier, il le voit complexe.
Par Axelle De Borger
Photos Antoine Delaporte
Philip Carter a d’abord été garde-chasse. Depuis son plus jeune âge il voulait travailler à l’extérieur, dans la nature. Son premier employeur en France lui en donné l’occasion. Il possède une propriété de chasse mais également un terrain de polo. Ainsi est née une vocation.
Tout comme le métier de garde-chasse, le métier de greenkeeper c’est 90 % d’observation. Il n’y a pas de routine avec le gazon. La météo est déterminante. Elle change tous les jours. Alors il y a toujours quelque chose à faire et Philip Carter, avec Olivier et Christophe, ne sont pas trop de trois pour entretenir quotidiennement les dix terrains du domaine.
Le planning des tournois est lui aussi déterminant. Avant chaque grand tournoi il y a un important travail mécanique à accomplir. Décompacter le gazon. Aérer les racines. Sabler le terrain : grand sablage en début de saison ou micro sablage entre deux tournois.
« La clé du succès pour les terrains de polo, c’est une très bonne infiltration. Quand il pleut l’eau doit s’infiltrer, indique Philip Carter. Le terrain doit être super en profondeur ».
Tout au long de la saison, ce sera passage du tracteur, de la tondeuse et de l’aérateur. L’aération permet à l’eau d’arrosage de descendre de 15 centimètres dans la terre et de nourrir les racines. Or pour un terrain de polo, les racines c’est primordial. Cela évite au gazon de se déchirer et aux chevaux de glisser.
« Le gazon c’est tellement faignant. Tu as beau le nourrir avec des engrais, il va pousser tout de suite en hauteur, constate Philip Carter. Notre métier de greenkeeper c’est de faire descendre les racines ».
Pour cela on met des engrais vers le 15 novembre, justement pour travailler les racines tout au long de l’hiver et redémarrer le gazon l’année suivante en mars. Entre novembre et mars on maintient le gazon avec la tonte, même si entre décembre et février avec le gel et la neige on ne peut pas faire grand-chose.
Comment devient-on greenkeeper ? « J’ai appris les bases du métier en Angleterre, au Sparsholt Collège à Southampton. C’est le plus grand collège agricole d’Europe. Lorsque j’étais garde-chasse, j’ai appris le maniement des tracteurs et la culture des céréales pour les animaux de chasse. J’ai rejoint le Polo Club du Domaine de Chantilly en 1995 et Philippe Perrier m’a aidé au début. Depuis, ce sont des années et des années d’expérience. » explique Philip Carter.
On est souvent tenté de faire un parallèle avec l’entretien des terrains de golf ou de football. Le plus similaire serait sans doute le terrain de football, et de fait Philip Carter a déjà été consulté plusieurs fois par les communes avoisinantes pour les aider à entretenir leur terrain. Ce qu’il fait toujours avec grand plaisir. Pour les terrains de golf, rien à voir nous dit Philip Carter. Il y a trop de gazons différents sur un seul parcours. De plus au golf on recherche un terrain dur alors qu’au polo au contraire, on recherche un terrain souple.
De toute évidence Philip Carter aime son métier « Bien préparer les terrains c’est un défi. Quand un grand joueur comme Bensadon vient me voir à la fin d’un match et me dit que le terrain était bon, alors oui je suis heureux ! ».
Greenkeeper : comment font les petits clubs ?
« Le greenkeeper, c’est moi » indique Jean-Claude Couderc, dirigeant du Polo Club du Sud-Ouest. C’est souvent ainsi dans les petits clubs. Les responsables font tout eux-mêmes. Jean-Claude Couderc est très fier de son terrain de 270 mètres par 130, le seul vrai terrain de polo du sud-ouest. En habitué, cela fait plus de quarante ans qu’il s’occupe de polo. « On a fait des travaux, on a mis de l’engrais, on a mis du sable, on sent le terrain, on ressème. Il faut tondre tous les 7 ou 8 jours. Nous sommes deux pour le faire. 2h15 pour tondre. 1h30 pour rouler, puis la petite tonte le long des planches, des abords et de la tribune, tracer les lignes et enfin placer les poteaux ! ». Heureusement le club a du bon matériel, des tondeuses larges et de gros rouleaux. Il n’a pas encore de système d’arrosage mais ça viendra. Et tous les petits clubs font pareil, ils se débrouillent.
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