Midi. Le temps s’est arrêté sous les arbres centenaires de Bagatelle. le Polo de Paris s’apprête à célébrer la 120ème édition de son Open Cup. Le décor est planté. Cette année ce sera sur le thème du Paris de années jazz, tout en noir et blanc et en swing. Les membres et leurs invités sont arrivés. Les chevaux sont aux palenques. L’air est léger, mais il y a un ciel qui gronde quelque part au loin. Il attendra.
Par Axelle De Borger
Photos Jacky Macé
Bientôt sera remise en jeu, dans le plus ancien club de polo français, l’une des plus anciennes coupes de polo au monde : le Trophée de l'Open de Paris, offert en 1894 par le Hurlingham Polo Club au Polo de Paris. C’est Jean-Luc Chartier, président du Polo de Paris et président de la Fédération Française de Polo, qui remettra le prestigieux trophée, accompagné cette année de SS.AA.RR le Prince et le Princesse Michel de Bourbon Parme et de SE l’ambassadeur du Mexique et Madame Agustin Garcia-Lopez Loaeza.
Midi passe. Et déjà le ciel se voile. Le vent souffle dans les centaines de Tours Eiffel, accrochées ci et là, telles des pampilles. Le décor a été imaginé par Chantal Bittan, directrice générale du Polo de Paris, sur un thème chaque année renouvelé, qui fait de cette journée une des plus jolies fêtes estivales de la capitale.
Cinq équipes participent au tournoi, cette saison. Toutes fidèles à l’Open de Paris. Yvan Guillemin, président de la Commission Polo, se réjouit cette année encore de la progression constante du niveau de jeu, de plus en plus spectaculaire. Il ne le sait pas encore, mais pour cette finale le ciel fera lui aussi le spectacle. De son côté Stanislas Clavel, le capitaine des jeux, est également satisfait. Il a veillé au bon déroulement du tournoi et a fait venir l’arbitre international Marcelo Lopez Vargas, qui de Palermo à Deauville, a arbitré les plus grands tournois internationaux.
15 heures, ce dernier dimanche de juin. Les équipes finalistes, Sainte-Mesme et Mungo, entrent sur le terrain. Les spectateurs se rassemblent sur les abords tandis que le ciel se fait noir d’encre. Les deux équipes ont déjà chacune remporté trois fois l’Open Cup. Jouer l’Open de Paris est le rêve de tout joueur. Les plus grands l’ont tous gagné et y ont inscrit leur nom, parfois de génération en génération.
Coup d’envoi... Et c’est le déluge ! Un rideau de pluie s’abat sur le terrain. Un instant d’hésitation à peine, le jeu s’élance. Une finale, çà se joue ! Concentration des équipes. Prise en compte du risque. Surtout garder son cheval droit pour ne pas qu’il glisse. Ce qui n’empêche pas deux ou trois joueurs de voler au sol dès la première période.
Au commencement le jeu semble ouvert. Lors des qualifications, Mungo a été la seule équipe à tenir tête à Sainte-Mesme. Pourtant dès la première période Sainte-Mesme marque l’écart. Facundo Llorente (hcp 4), qui remplace Robert Ström (hcp 4) blessé, ouvre le score avec trois goals consécutifs.
En deuxième période Mungo remonte le score avec un goal de Thibault Guillemin (hcp 3) puis de Patrick Eisenchteter (hcp 1), tempéré par un nouveau goal de Saint-Mesme, marqué par Ramiro Zavaleta (hcp 3). Dans cette finale Sainte-Mesme a très vite imposé son jeu. La progression de Mungo a néanmoins été remarquable tout au long des étapes qui l’ont menée à la finale. Mais elle n’a pas résisté à la puissance de jeu des deux joueurs argentins de Sainte-Mesme, soutenus par Birger Ström (hcp 1) et Alexis Pouille de Balkany (hcp 2).
En fin de deuxième période, le score est de 4 à 2. La troisième période est identique à la première, Facundo Llorente inscrit de nouveau trois goals consécutifs. Sainte-Mesme a encore creusé l’écart avec un score de 7 à 2. Malgré la forte défense de Thibault Guillemin, qui inscrit un troisième goal pour Mungo en quatrième période, Stanislas Clavel (hcp 3) et Gaëtan Gosset (hcp 3) ont des difficultés à contrer les argentins. A cet instant du jeu, Ramiro Zavaleta inscrit deux goals supplémentaires, coup sur coup. Contrairement à Sainte-Mesme, Mungo n’est pas parvenu à transformer les pénalités dont elle a bénéficié et a perdu des occasions de but.
En cinquième période, Thibault Guillemin marque le dernier goal de la partie et la finale s’achève sur le score de 9 à 4. Une quatrième victoire pour Sainte-Mesme. Pour les deux équipes, les conditions de jeu ont été extrêmes, entre trombes d’eau et terrain difficile. Il faut d’autant plus souligner leur remarquable fair-play et leur élégance dans le jeu, tout à l’image de leurs capitaines, Birger Ström et Patrick Eisenchteter.
Au dernier son de cloche, le soleil a bien voulu refaire son apparition. Fatigués, rincés, les joueurs ont néanmoins été fortement récompensés. Tous les partenaires sont venus les féliciter sous l’œil attentif de Yasmine de Givré, responsable de la communication. Maserati, La Martina, Taittinger, Weston, Pololine, Briston, Yves Saint Laurent.
Mais sans les chevaux il n’y aurait pas eu, bien sûr, un aussi beau spectacle, surtout un jour comme celui-ci où il leur a fallu encore davantage de cœur au ventre. C’est la jument grise Neblina, montée par Facundo Llorente, propriété de Birger Ström et née chez Marcos Mocoroa, qui a été sacrée meilleure jument de la finale du 120ème Open de Paris.
En cette fin d’après-midi, le soleil avait finalement décidé de s’installer. L’autre fête, celle en swing et en jazz, pouvait commencer.
Comments