Peut-on imaginer parier sur les matchs de polo comme on le fait sur les matchs de football ou de tennis ? Pourquoi pas. Le polo est un sport d’équipe et de balle dont le format d’épreuve convient parfaitement aux paris sportifs. C’est techniquement envisageable. Mais parier sur le polo est-ce pour autant réalisable ? Nous avions posé la question à Benoit Cornu, alors directeur de la Communication du PMU.
Par Axelle De Borger
Photos Antoine Delaporte
Quel est le contexte actuel dans lequel pourraient s’inscrire les paris sur le polo ?
Pour le savoir il faut d’abord comprendre le marché des jeux d’argent en France. On ne peut pas parier sur tous les sports. La situation du marché français est la suivante :
Les paris hippiques, qui concernent uniquement les courses de chevaux, s’effectuent sous monopole du PMU dans le réseau physique des points de vente et sont ouverts à la concurrence sur le réseau internet. Les paris hippiques en ligne sont encadrés par un régulateur qui s’appelle l’ARJEL, autorité de régulation des jeux en ligne, lequel donne ou pas des agréments à des opérateurs qui voudraient intervenir sur ce marché.
Les paris sportifs, qui concernent tous les sports sauf les courses, s’effectuent sous le monopole de la Française des Jeux dans le réseau physique des points de vente, et sont ouverts à la concurrence dans le réseau internet, aux mêmes conditions d’encadrement par l’ARJEL que les paris hippiques.
Pour les paris hippiques, seul le pari mutuel* est autorisé. Contrairement à ce qui se pratique en Angleterre, le bookmaking est interdit pour les courses en France. Pour les paris sportifs, sont autorisés les paris mutuels s’il y en a (mais il y en a très peu dans le sport), et les paris à cote fixe** c’est à dire le bookmaking.
Le PMU ne prend pas de paris sportifs sur les sports équestres pour la bonne raison que ces paris sont soumis à la cote fixe. Les sociétés de courses, actionnaires du PMU, n’ont pas souhaité que le PMU fasse de la côte fixe avec des chevaux, même si les paris sportifs ne concernent pas les courses.
Comment mettre en place les paris sur le polo ?
Le polo, s’il était ouvert aux paris, pourrait être rattaché à la FDJ sur le réseau physique et par exemple au PMU sur le réseau internet. Il existe aujourd’hui deux sports équestres autorisés à la prise de paris par l’ARJEL, le CSO et le horseball (voir ci-dessous).
Pour le polo, tout commencerait par une prise de décision au niveau fédéral. Décision d’ouvrir le polo aux paris et demande d’autorisation diligentée auprès de l’ARJEL pour une catégorie d’épreuve déterminée (Championnat de France par exemple). Ce qui impliquerait dès lors où les paris seraient acceptés, de garantir la régularité des épreuves. A partir du moment où vous prenez l’argent des parieurs il faut une surveillance étroite. C’est le rôle d’une fédération sportive de garantir cette sécurité pour prévenir le risque de trucage.
Pour que la démarche soit pertinente, il faut aussi un public intéressé, des compétitions avec de l’enjeu, où les paris ont du sens. Il faut également et surtout être capable de fabriquer les côtes.
Calculer la probabilité statistique de survenance du résultat, au vu de toutes les autres statistiques et paramètres, c’est un métier. Cela demande des investissements informatiques et techniques importants. La machine à fabriquer les cotes du PSG par exemple, est un outil informatique extrêmement puissant. Des modèles mathématiques manipulent en temps réel des millions de statistiques pour calculer la probabilité de survenance d’un évènement.
Au polo, les joueurs d’une équipe changent constamment, les chevaux encore plus. Il faut des experts et des mathématiciens pour établir un modèle statistique et fabriquer la cote.
Mais à partir du moment où les paris sur le polo sont autorisés et qu’on a quelqu’un pour fabriquer la côte, le PMU pourrait potentiellement le proposer à ses clients. Ce serait un produit de niche et le PMU s’intéresse aux marchés de niches dès lors qu’on peut les coter.
L’autre option serait de faire ce que font les espagnols pour les concours hippiques, parier directement sur les terrains. L’autorisation ne viendrait pas de l’ARJEL mais directement le Ministère de l’Intérieur et du Budget. Concrètement on installe une petite cabane au bord du terrain, avec un outil informatique.
C’est pour l’instant interdit par la loi française. Seuls les jeux en ligne ont été ouverts. L’organisateur a même l’interdiction de mettre des ordinateurs à disposition. Seuls les parieurs individuels peuvent parier avec leurs propres moyens (smartphones, tablettes, etc.) s’ils sont connectés sur le terrain.
Quel serait l’intérêt des paris pour le polo ?
Le polo mérite un peu plus d’exposition. Les paris sur le polo apporteraient davantage de visibilité médiatique, l’émergence d’une presse de pronostics, une plus grande implication du public dans la réussite des équipes. Prendre des paris sur le polo risque cependant de rester encore longtemps une animation pour seuls initiés.
*Paris mutuels : les cotes viennent de l’engouement des parieurs. Plus une équipe est jouée, plus sa cote diminue. Les gagnants se partagent les mises, en fonction de la hauteur de la cote au moment de la clôture des paris.
**Paris à cote fixe : les cotes viennent du pronostic du bookmaker du site internet, qui se base sur les statistiques des résultats précédents. Les parieurs savent à l’avance combien ils vont gagner si leur favori l’emporte, car c’est la cote au moment de l’enregistrement du pari qui est la référence.
Les paris sportifs existent déjà pour le horseball !
C’est certainement l’évènement le plus important pour le horseball depuis sa création en 1978. Les paris sportifs ont été officiellement ouverts en 2011 sur internet pour les matchs du Championnat de France Pro Elite. La catégorie Pro Elite est le plus haut niveau du horseball français. Les paris sont organisés sur tous les matchs du Championnat et ils ont l’avantage d’être simples. On parie sur l’une des deux équipes ou sur un match nul. On parie aussi sur le score.
Les paris, pour chaque rencontre, sont clôturés quelques minutes avant chaque match. Les parieurs peuvent jouer par leurs propres moyens, à l’aide de leurs ordinateurs personnels ou encore avec leurs smartphones.
La législation française autorise uniquement les paris sportifs sur des sites internet référencés appelés "opérateurs". Ils sont agréés par l'autorité de régulation des jeux en ligne (ARJEL). Aujourd’hui trois opérateurs proposent des paris sur le CSO et le horseball.
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