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Tout savoir sur le polo

1880-1930, chroniques de l'âge d'or (V)

Les années vingt et trente furent un véritable âge d’or du polo. Devant un public d’élite, des matchs internationaux de haut niveau opposaient de merveilleux joueurs et de prestigieuses équipes. Le polo était alors discipline olympique.

Texte de Jean-Luc Chartier

Extrait de "Polo de France"

et "Cent ans de polo en France"

Jeanniot - Jeu de polo (1893 - extrait)

L'introduction du polo aux Jeux Olympiques date en fait du début du siècle ; des Jeux de 1900, à Paris. L'équipe française y obtint une médaille d'argent, tandis que la Grande-Bretagne, forte de ses deux équipes, remporta les médailles d'or et d'argent.

Jeux Olympiques de Paris, 1900.

Quelques années plus tard, le polo fait une nouvelle apparition aux Jeux. Nous sommes à Londres, en 1908.


Cette fois, l'Angleterre ne se contentera pas de deux médailles : ce sont les trois premières places qu’occupent sur le podium les poloistes britanniques !


Sur sa brillante lancée, la Grande-Bretagne remportera la médaille d'or aux Jeux d'Anvers concédant cependant cette fois la seconde place à l'Espagne et la troisième aux Etats-Unis.

En 1924, les Jeux Olympiques se déroulent une nouvelle fois à Paris.

Argentine, États-Unis, Grande-Bretagne, Espagne et France : cinq équipes* composées, comme le stipule le règlement, de membres de même nationalité, sont engagées dans le tournoi. Dix matchs seront joués entre le 28 juin et le 22 juillet. Neuf se dérouleront au Country-club de Saint-Cloud, un seul au Polo de Bagatelle (Grande-Bretagne/France), dans lequel une tribune suffisamment vaste fait défaut.

A la différence de ce qui se passa au cours des précédentes Olympiades, la Grande-Bretagne dut cette fois s'incliner devant la puissance des équipes d'Argentine et des Etats-Unis, et se contenter d’une médaille de bronze. Quant aux équipes espagnole et française (cette dernière composée de Messieurs de Jumilhac, de Polignac, de Montbrison et Macaire), elles se répartirent respectivement les quatrième et cinquième places.


Le match opposant les deux leaders - l'Argentine et les États-Unis - se déroula le 6 juillet à l7 heures, devant 7.836 spectateurs. La rencontre Argentine - États-Unis, qui constituait la grande finale du tournoi attira, malgré la concurrence de la première journée des Jeux d’athlétisme à Colombes, une assistance vraiment considérable pour une telle compétition en France, peut-on lire dans la presse de l’époque. Les vastes enceintes étaient littéralement combles et les commissaires éprouvèrent, étant donné l'affluence, les plus grandes difficultés pour faire atteindre la tribune d'honneur au Prince de Galles et à son frère le Prince Henri.


Le match fut digne d’une aussi belle assistance et souleva l'enthousiasme. De l'avis unanime de ceux qui suivent régulièrement les grandes rencontres de polo à cheval, jamais encore on avait assisté aux États-Unis, en Angleterre et même aux Indes, considérées pourtant comme le véritable berceau du polo, à un match aussi passionnant et aussi équilibré. Les deux équipes firent preuve de qualités, d’adresse et de fougue sensiblement égales et si l’Argentine remporta finalement la victoire ce fut certainement à la ligne supérieure de sa cavalerie qu’elle l’a dû.


C'est l'état de préparation et la vitesse des poneys argentins qui permirent aux Américains du Sud de s'assurer, dans les dernières minutes et d’extrême justesse la victoire par six buts à cinq.

Jeux Olympiques de Paris, 1924. En haut, l'équipe de France. Ci-dessus l'équipe d'Argentine.

Les États-Unis eurent la gloire et le profit des premières attaques, menées à toute vitesse et par de très longs désengagements et dribblings. Cette tactique leur réussit magnifiquement et, dès les premières secondes ils parvinrent à marquer un fort joli but. Loin de se décourager, les Argentins, remarquables de sang-froid, réagissaient à leur tour et égalisaient avant le repos.


Avec des alternatives diverses au cours desquelles les deux camps étaient tour à tour mis en péril, les deux équipes se trouvèrent à égalité à la cinquième période (cinq à cinq) et enthousiasmèrent les spectateurs avec l’ardeur avec laquelle ils se livraient.


Au cours d'une charge, l'excellent joueur américain Hitchcock, ayant reçu un coup à l'estomac, était même obligé de descendre de cheval, mais ne tardait pas à reprendre sa place.

Pendant ce temps, en Angleterre ... Winston Churchill participant à un match de polo,1925 .

La sixième période se terminait sans qu’aucune des deux équipes ait pu rendre l’avantage mais une septième devait décider de l'issue de la rencontre et de la première place du tournoi. Une charge impétueuse de Hitchcock sembla tout d'abord devoir faire tourner l'avantage en faveur de son équipe, mais le but qui paraissait acquis fut sauvé d’extrême justesse par un membre de l’équipe adverse.

Jeux Olympiques de Berlin, 1936

Les Argentins, à mesure que se déroulait cette période, reprenaient l'avantage grâce à la merveilleuse condition de leur cavalerie et, quelques secondes avant le coup de sifflet final, l'argentin Nelson, perçant la défense adverse, arriva à proximité des buts où, d'un shoot puissant, il marqua le point qui assura à son équipe la victoire olympique. Cette victoire souleva littéralement l'enthousiasme, et la rentrée des cavaliers argentins au paddock donna lieu, de la part de leurs concitoyens, à une manifestation de joie qui se termina par le port en triomphe des joueurs victorieux.

La dernière apparition du polo aux jeux olympiques eut lieu en 1936, à Berlin.
Jeux Olympiques de Berlin, 1936. Victoire de l'équipe d'Argentine

L'Argentine y remporta une nouvelle fois la victoire, devant la Grande Bretagne et le Mexique. Toujours dotée d'une cavalerie fantastique, l'équipe victorieuse mit aisément en déroute l'ensemble de ses adversaires. Les Mexicains, pourtant médaille de bronze, ne résistèrent pas à la puissante Argentine. Quant aux médaillés d'argent, les joueurs britanniques, ils furent emportés dans un ouragan venu des pampas d'Amérique du Sud, qui les laissa exsangues sur le score de onze à zéro... L'année 1936 allait du reste marquer le point de départ de la définitive domination argentine sur le monde du polo.



 


* Paris 1924, le tournoi olympique oppose cinq nations : les États-Unis, l’Argentine, l’Espagne, la Grande-Bretagne et la France. Avant même le début de la compétition, il semble que deux équipes soient très supérieures. Il s’agit des Etats-Unis et de l’Argentine. Retour sur la composition des équipes :


Les Américains :

N°1 : Boeseke (handicap 6)

N°2 : Hitchcock (handicap 10)

N° 3 : Roe (handicap 5)

N°4 : Wanamaker (handicap 7)

Les 28 goals de handicap de l’équipe montrent à quel point elle est redoutable ; notamment à travers l’adresse de Hitchcock, un véritable virtuose du maillet. Les principales qualités des Américains : longueur des balles frappées et surtout vitesse des joueurs. La stratégie de jeu est très simple mais terriblement efficace.


Les Argentins :

N°1: Kenny (handicap 5)

N°2: Nelson (handicap 7)

N° 3: Padilla (handicap 6)

N°4: Miles (handicap 7)

Les handicaps parfaitement répartis influent sur le niveau global du jeu. Les Argentins cherchent en priorité l’adhérence à la selle. Ils emploient pour mieux y parvenir peaux de moutons et plaques de caoutchouc. Ils donnent ainsi l’impression de ne faire qu’un avec leur monture. Ils montrent également une parfaite maîtrise du maillet. Leur est souple et variée. A noter toutes les qualités de leur cavalerie, trente-cinq fougueux pur-sang et demi-sang argentins.


Les Anglais :

N°1: Bingham (handicap 7)

N°2: Barrett (handicap 8)

N° 3: Guest (handicap 5)

N°4: Wise (handicap 8)

Les Anglais font entrer en lice la vieille garde ; des joueurs chevronnés mais malheureusement rapidement débordés par la fougue et la virtuosité des joueurs d’Outre-Atlantique. Leur jeu contraste avec la souplesse argentine et la désinvolture américaine.


Les Espagnols :

N°1: Villabragima (handicap 7)

N°2: Penarande (handicap 6)

N° 3: La Maza (handicap 7)

N°4: Velayos (handicap 5)

Le jeu d’équipe n’est pas le fort des Espagnols. Ils cèdent trop facilement à l’individualisme. Même si les actions sont brillantes, elles manquent de cohésion. Leurs débuts de partie sont souvent plus brillants que les ultimes périodes durant lesquelles ils semblent s’user au fil des minutes.


Les Français :

N°1: Bamburger, Jumilhac et Pastré en alternance

N°2: Macaire

N° 3: Montbrison

N°4: Polignac

L’équipe française tente de belles choses sans arriver au bout de ses intentions. Il faut rappeler que les Français ne sont pas encore de grands habitués du polo. A ce niveau, comme à celui de l’entrainement ils sont largement défavorisés par rapport aux autres équipes engagées.

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